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Chocolatiers tree-to-bar en Grenade (Partie 3) L’un des temps forts du Grenada Chocolate Festival a été la visite de The Grenada Chocolate Company. Depuis le décès de Mott Green, le fondateur, en 2013 (Note 1), je me demandais ce qui se passait avec la compagnie et la marque. En parlant avec James Mort, le directeur, et Edmond Brown, le co-fondateur, j’ai pu mieux comprendre ce qui s’en vient pour l’entreprise. En 1999, quand Mott Green a fondé The Grenada Chocolate Company, il était le seul chocolatier tree-to-bar sur l’île. Maintenant, 18 ans plus tard, Edmond, James et les autres membres de la coopérative se préparent pour de gros changements. The Grenada Chocolate Company The Grenada Chocolate Company Les membres de la coopérative utilisent actuellement les installations de Belmont Estate pour fermenter et sécher leurs fèves de cacao. Ils ont aussi depuis des années une petite boutique à cet endroit où ils vendent leurs tablettes et leurs bouchées chocolatées. Toutefois, puisque Belmont Estate commence à produire sa propre marque de chocolat tree-to-bar (voir Partie 4 de cette série), The Grenada Chocolate Company doit tout relocaliser. Edmond a annoncé son intention de créer une campagne de socio-financement pour recueillir les fonds nécessaires à l’ouverture d’une nouvelle boutique à St-George’s, la capitale. Il veut également rénover le centre de fermentation et de séchage au village de l’Hermitage, où The Grenada Chocolate Company est située. Si vous voulez les aider, je vous suggère de surveiller leur page Facebook pour recevoir les mises à jour. Raffineuse et conche Presse à beurre de cacao. Très peu de chocolatiers tree-to-bar ont une telle presse. The Grenada Chocolate Company fait partie des exceptions. Leur presse fonctionne à la main. Beurre de cacao fraîchement pressé. À part The Grenada Chocolate Company, plusieurs autres chocolatiers tree-to-bar sont présents à Grenade. Ils sont très différents les uns des autres par rapport au type et à la quantité de chocolat produit. Jouvay, situé à Diamond Estate et propriété de la Grenada Cocoa Association (GCA), est la plus grande entreprise tree-to-bar du pays, même si elle n’a été fondée qu’en 2014. Pour ce projet, la GCA a reçu des fonds de USAID et du chocolatier américain L.A. Burdick (Note 2). Pendant le festival, nous avons fait une visite de groupe très rapide des installations de Jouvay, tellement rapide que c’en était décevant. Pourtant, le site est magnifique! La bâtisse est une ancienne distillerie de rhum fondée par des moines français en 1774. Et la plantation est tout aussi belle et agréable pour une promenade: c’est là que le Chocolate Hash, l’une des activités du Grenada Chocolate Festival, a eu lieu. Nous avons donc couru et marché à travers les cacaoyers, avec comme arrière-plan de belles montagnes! Fondation de Jouvay: 2014 Tri des fèves de cacao Raffineuse à rouleaux Pendant le Chocolate hash à Diamond Estate Malheureusement, le chocolat de Jouvay est aussi un peu décevant… Il s’agit bien sûr de mon opinion personnelle, mais en comparaison avec les produits des autres chocolatiers tree-to-bar du pays, il laisse moins le merveilleux cacao de la Grenade s’exprimer pleinement. Tablettes de chocolat Jouvay. Crédits: Jouvay Chocolate. Dans la quatrième et dernière partie de cette série, je vais parler de trois autres projets autour du chocolat en Grenade: Belmont Estate, Crayfish Bay et Tri Island. ————- Note 1: Voir mon article de blogue sur le sujet, écrit en 2013. Note 2: J’ai été informée que Burdick n’est plus impliqué dans l’entreprise, même si le site Internet de Jouvay mentionne encore son nom (communication personnelle avec James Mort).
Le Grenada Chocolate Festival est très différent de tous les autres festivals auxquels j’ai assisté dans les dernières années. C’est l’un des seuls festivals où il est à la fois possible de visiter des chocolatiers bean-to-bar et des plantations de cacao partout dans le pays, et de participer à des activités originales comme du yoga de chocolat (chocolate yoga) ou un atelier de fabrication de produits pour la peau à base de cacao. Les activités sont extrêmement diversifiées! Les participants quittent la Grenade avec une très bonne connaissance de l’industrie du chocolat dans ce pays. Présentation sur les bénéfices du chocolat pour la santé. Vous pouvez trouver une partie de la présentation ici. Le masque facial à base de poudre de cacao Dégustation de chocolats européens par Elle Coco Pendant les nombreuses visites chez des chocolatiers tree-to-bar (Note 1) et dans des plantations de cacao, j’ai été agréablement surprise de voir à quel point l’industrie s’est développée au cours des dernières années en Grenade. Il y a maintenant quatre fabricants de chocolat, et un cinquième commencera très bientôt à vendre ses produits! Ce qui est encore plus beau à voir, c’est à quel point les habitants de Grenade sont fiers de ce qui se passe côté cacao et chocolat dans leur pays. Je n’ai évidemment pas visité tous les pays producteurs de cacao, mais je n’ai vu nulle part ailleurs cette fierté et cette conscience élevée d’avoir entre les mains un produit extraordinaire. À part peut-être au Pérou, où l’on compte entre 12 et 15 chocolatiers bean-to-bar (et probablement encore plus depuis ma dernière visite en juillet 2016). Fabriquer du chocolat dans un pays producteur de cacao est une excellente façon d’ajouter de la valeur à un produit et de créer des emplois sur place. Dans le cas de la Grenade, c’est aussi une excellente façon d’obtenir plus pour son cacao que le bas prix payé aux fermiers. En effet, pendant mon voyage, j’ai appris que la Grenada Cocoa Association (GCA), l’association des producteurs de cacao de la Grenade (Note 2), a le monopole pour l’achat, la revente et l’exportation des fèves de cacao. C’est aussi la GCA qui fixe les prix payés aux producteurs. Elle achète des fèves de cacao dans la pulpe (wet beans) (Note 3) pour 1,50$ EC la livre (environ 0,55$ USD), en ligne avec le marché de la bourse. Les fèves sont ensuite fermentées et séchées à l’un des centres de la GCA. Le prix payé par l’Association n’est pas suffisant pour que les producteurs puissent vivre décemment. De plus, comme le cacao de la Grenade est reconnu comme « fin », les producteurs devraient recevoir beaucoup plus pour leurs fèves. C’est l’une des raisons qui expliquent pourquoi peu de jeunes sont enclins à reprendre les terres familiales. Et, comme partout ailleurs, les fermiers vieillissent : la majorité d’entre eux est âgée de plus de 50 ou même de 60 ans. Visite à la Grenada Chocolate Company. Crédits photos: Grenada Chocolate Festival Toutefois, si un producteur de cacao de Grenade décide de fabriquer du chocolat avec le cacao qu’il cultive, il n’a pas à passer par la Grenada Cocoa Association (Note 4). C’est un énorme avantage! En ce sens, la Grenada Chocolate Company fait figue de pionnière dans le pays. Quand Mott Green a fondé l’entreprise en 1999, il a créé une coopérative incluant 10 producteurs de cacao. Les fermiers membres de la Grenada Chocolate Company sont maintenant plus de 30, tous certifiés biologiques. En permettant aux producteurs de cacao de devenir membres de la compagnie, Mott pouvait acheter directement d’eux, en leur offrant plus que la GCA. Aujourd’hui, le prix payé par la Grenada Chocolate Company à ses fermiers est de 2,50 EC la livre (environ 0,93$ USD) (Note 5). De plus, comme les producteurs sont membres de la coopérative, ils obtiennent aussi une partie des profits. Dans la Partie 3 de cette série sur la Grenade, je parlerai davantage de la mythique Grenada Chocolate Company et des défis auxquels elle devra faire face dans les prochains mois. Avec Edmond Brown, co-fondateur de la Grenada Chocolate Company Note 1: Tous les chocolatiers bean-to-bar à Grenade cultivent aussi leurs propres fèves de cacao, d’où l’expression tree-to-bar. Note 2: Trois des membres du conseil d’administration de la GCA viennent du gouvernement. Les six autres sont élus par les membres de l’association eux-mêmes. (Grenada Cocoa Association Act). Note 3: Les fèves de cacao dans la pulpe (wet beans) sont les fèves fraîches tout juste sorties de la cabosse. Elles doivent passer à travers un processus de fermentation et de séchage. La GCA possède des centres de fermentation et de séchage centralisés pour presque tout le cacao de l’île. Note 4: Communication personnelle avec Lylette Primell (Crayfish Bay Chocolate) and James Mort (The Grenada Chocolate Company). Note 5: Communication personnelle avec James Mort (The Grenada Chocolate Company).
J’adore le chocolat. Pas seulement parce que c’est un aliment délicieux rempli de propriétés bénéfiques pour la santé, mais aussi et surtout parce qu’il me permet de voir le monde différemment. Le chocolat me permet de visiter des pays où je ne pensais jamais me rendre, et il m’aide à mieux les comprendre à différents niveaux. Petite Anse, au nord de l’île. Grenade, une petite île dans les Caraïbes, est l’un de ces pays que je ne pensais pas visiter un jour… jusqu’à ce qu’un festival de chocolat m’y amène! Le Grenada Chocolate Festival existe depuis seulement quatre ans, mais il fait déjà couler beaucoup d’encre. Pendant cette courte période, Magdalena Fielden, la fondatrice, a réussi à créer un événement international qui attire des gens de Grenade, des îles environnantes des Caraïbes et de partout dans le monde. En raison de l’histoire politique du pays, plusieurs participants du festival venaient d’Angleterre. Cela s’explique par le fait que l’île, après avoir été colonisée par les Français en 1650 (Note 1), est devenue possession des Anglais en 1763, avec le Traité de Paris. La Grenade est devenue indépendante en 1974, mais les liens entre ce pays membre du Commonwealth et l’Angleterre semblent encore très forts. Une courte période d’insécurité et d’instabilité politique a suivi l’indépendance, entre 1979 et 1984, quand le pays est devenu communiste (Note 2) et allié de Cuba et de l’URSS. Je ne savais rien de tout cela avant ma visite en Grenade, mais je trouve l’histoire de ce pays vraiment intéressante et fascinante. Le Fort Frederick St-George’s vue du Fort Frederick Actuellement, le pays semble plutôt stable politiquement. Je n’ai pas entendu parler de corruption, comme à Madagascar, par exemple. Cela ne veut évidemment pas dire que tout est parfait sur l’Île aux Épices, mais la vie semble meilleure dans ce pays que dans plusieurs autres que j’ai visités. J’y ai remarqué moins de pauvreté, et le taux de criminalité est très bas comparativement à d’autres îles des Caraïbes, notamment Trinidad. L’un de nos guides pendant le festival nous a même affirmé qu’il est très sécuritaire de marcher en Grenade, même le soir! Fruit du muscadier (Source: Wikimedia Commons) La muscade, le macis et le cacao ont été des cultures très importantes pour la Grenade depuis l’arrivée des Européens. La production de muscade a énormément diminué depuis Ivan, l’ouragan qui a dévasté l’île en 2004. Malheureusement, cette culture ne s’est jamais remise complètement de ce terrible événement. Usine de transformation de la muscade et du macis, Gouyave Noix de muscade entières, prêtes à être envoyées à l’international Les plantations de cacao ont aussi été grandement affectées par Ivan, mais plusieurs personnes – incluant le Dr. Darin Sukha, de la University of West Indies à Trinidad – m’ont dit que les cacaoyers sont plus résilients. La production de cacao est donc revenue à ce qu’elle était avant Ivan, contrairement à ce qui s’est passé avec la muscade (Note 3). La Grenade est un petit joueur sur le marché mondial du cacao : elle ne produit que 900 tonnes de cacao par année (Note 4). Il s’agit cependant d’une origine appréciée pour son cacao très aromatique. L’Organisation Mondiale du Cacao (ICCO) reconnaît d’ailleurs 100% de son cacao comme « fin », un privilège accordé à seulement 10 pays dans le monde! Il n’est pas surprenant alors de constater que l’industrie du chocolat est en pleine expansion en ce moment en Grenade, comme vous l’apprendrez dans la deuxième partie de cette série. ————- Note 1: Plusieurs villes du pays ont d’ailleurs encore des noms français comme Gouyave ou Petite Anse. Note 2: En 1979, Maurice Bishop, alors chef du New Jewel Movement, a organisé un coup d’état pour prendre le pouvoir à la place du président élu, Eric Gairy. Bishop a été tué en 1983. Note 3: Selon des statistiques de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Grenade a produit 763 tonnes de cacao en 2004, et seulement 47 en 2005. La production a maintenant repris son cours normal avec 900 tonnes cultivées en 2014. En comparaison, la production nationale de muscade, de macis et de cardamome a été de 2887 tonnes en 2004, et de 448 tonnes en 2014… Note 4: La production mondiale annuelle du cacao est d’un peu plus de 4 millions de tonnes par année (ICCO).